Ligue pro/Fédération : Ces rapports à clarifier et à codifier pour l’essor du football ivoirien !
Le président sortant de la Ligue professionnelle de football, instance sous tutelle de la Fédération, a convoqué, le mardi 15 septembre, une réunion du bureau portant, entre autres, sur le calendrier 2020-2021 du championnat national. En réaction à cet ordre du jour, Domoraud Cyrille, présidant de l’AFI, et d’autres membres dudit bureau, ont rendu démission. En plein processus électoral pour la désignation du nouveau président de la FIF, la démarche conjointe des trois membres suscités soulève un gros problème d’éthique : la légalité de cette réunion et, in fine, la nature des rapports FIF-Ligue professionnelle.
Si, depuis sa création en 2007, la Ligue professionnelle de football a toujours été au centre des controverses – notamment au sujet de son autonomie et sa capacité à stimuler le développement du sport roi en Côte d’Ivoire -, la dernière réunion convoquée par le président sortant, Sory Diabaté, a remis l'instance au coeur des débats. C’est que l’AFI et deux clubs (SOA et WAC), membres eux-aussi dudit bureau, en ont profité pour notifier leur démission avant de quitter la séance. La raison évoquée est simple : tout comme le Comité exécutif de la Fédération dont les prérogatives (après l’AGO du 04 juillet) se limitent, actuellement, à la gestion des affaires courantes, la Ligue professionnelle n’a plus compétence pour se prononcer sur les questions relatives au championnat à venir ; sa mission est terminée. « C’est au nouveau comité exécutif qui sera élu et aux nouveaux organes qu’il désignera qu’il appartient de préparer la saison 2020-2021 », ont rappelé, en chœur, les trois membres démissionnaires.
Une question d'éthique
Dès l’instant où la Ligue professionnelle tire toute sa légitimité de la Fédération Ivoirienne de football, la position de l’AFI, du WAC et de la SOA se comprend aisément. En aucun cas, on ne saurait dissocier le mandat du Comité exécutif de la FIF de celui du bureau de la Ligue professionnelle. D'autant plus que le président de la Ligue professionnelle, par ailleurs numéro2 du Comité exécutif de la FIF, est nommé par le patron de la maison de verre. Une question d'éthique, dirait-on.
Comparaison n’est pas raison, certes, mais l’exemple français est édifiant en la matière. La convention 2019-2020 entre la Ligue de Football Professionnel (LFP) et la Fédération Française de Football (FFF) disposait, en son article 22, que « Le calendrier des compétitions professionnelles est élaboré par la LFP en liaison avec la FFF dans le cadre d’une Commission mixte. » Ces lignes établissent clairement l’étroite collaboration des deux structures en certains points, malgré la relative autonomie dont jouit la LFP. Comment en serait-il autrement en Côte d’Ivoire où la Ligue professionnelle est complètement inféodée à la FIF ? D’un point de vue légal, cette dernière n’est rien d’autre que la seule « grande instance du football » ivoirien comme l’est, d’ailleurs, la FFF en France (NDLR : affirmation de Noël Le Graët en 2015).
De plus, la gouvernance de la FIF face à la crise à Coronavirus a montré sa prééminence vis-à-vis de la Ligue professionnelle. C’est, en effet, le comité exécutif de la Fédération qui a décrété, fin juin, l’arrêt définitif de la saison 2019-2020. Le bureau de la Ligue professionnelle a été, tout simplement, mis devant le fait accompli. Sans aucune possibilité de contester la décision.
Pour une question d'éthique, le président de l'AFI a démissionné du bureau de la Ligue professionnelle de football.
Le vrai problème…
La réunion du bureau de la Ligue professionnelle qui s’est tenue, malgré la démission de l’AFI et des deux autres membres, a proposé la date du 24 octobre pour le démarrage de la Ligue1 cuvée 2020-2021. La Ligue2, elle, ouvrira deux semaines plus tard, soit le 06 novembre. Auparavant, il y aura en apéritif, le 17 octobre, la Super Coupe Houphouët-Boigny entre la RCA et le FC San-Pédro. Bien évidemment, ce calendrier est fait sous réserve du dénouement du processus électoral en cours.
Dans l'attente, le vrai problème qui se pose est celui du statut juridique de la Ligue professionnelle ; un statut pas tout à fait clair qui plombe, visiblement, son fonctionnement. Aussi, tout en surfant sur les acquis non négligeables de cette instance sous tutelle, la prochaine équipe dirigeante de la Fédé aura la lourde tâche de la rendre beaucoup plus opérationnelle. Il s’agira d’asseoir une Ligue de football professionnel avec un président élu, des missions et des prérogatives bien définies, des statuts biens clairs, une autonomie affirmée par rapport à la fédération, une charte du football professionnelle etc. C’est à ce prix qu’elle pourra véritablement amorcer le développement et la professionnalisation du football en Côte d’Ivoire.
En définitive, c’est en aspirant à une telle Ligue que l’AFI a toujours fait des propositions constructives au bureau sortant. C’est aussi pour l’émergence d’une telle instance forte, garante du bien-être des footballeurs, que le président Domoraud Cyrille s’est désolidarisé des travaux du 15 septembre dernier. Car, à un moment donné, il faudra tout tirer au clair concernant les rapports FIF-LPF.