Football/ Les Eléphants bien armés pour attaquer la CAN 2022 !
Après des débuts difficiles sous les ordres de Patrice Beaumelle, les Eléphants ont retrouvé des couleurs et invitent à l’espoir des lendemains qui chantent. Notamment une participation honorable à la prochaine CAN. Mais, attention, ne pas dormir sur les lauriers !
Déjà qualifiés pour la CAN au terme de la 5e journée, les Eléphants n’ont pas craché sur le plaisir d’une ultime victoire de prestige, mardi à Ebimpé, au terme d’un match au scénario un peu gag (sortie sur civière de l’arbitre central). Ainsi, l’Ethiopie est passée à la moulinette (3-1). Conclusion XXL d’une campagne caractérisée par la montée en régime de cette sélection ivoirienne sous les ordres de Patrice Beaumelle, depuis mars 2020. Elle a inscrit six buts en deux matches (3-0 face Niger, ndlr), contre un seul encaissé. Un rendement digne d’un champion en puissance à dix mois de la grande biennale du football africain prévue au Cameroun. En l’espace d’une semaine, en effet, les Eléphants sont passés d’une équipe tatillonne à un bloc compact quasi imprenable. Contre le Niger et l’Ethiopie (26 et 30 mars), on était très loin des pâles copies rendues par le onze ivoirien à l’entame de ces éliminatoires, notamment cette victoire étriquée (1-0) contre le Mena à Abidjan. Désormais, ils peuvent entrevoir avec optimisme leur 24e phase finale de CAN. Par ailleurs, cette embellie retrouvée met en lumière la qualité du travail abattu par Patrice Beaumelle sur le banc ivoirien.
Evrard Kouassi, l’une des grosses satisfactions des choix de Patrice Beaumelle. Une belle promesse pour l’avenir.
Des certitudes pour la suite…
A la conquête d’une 3e étoile continentale, la Côte d’Ivoire ira en terre camerounaise avec des certitudes. Notamment une défense béton, articulée autour du duo Eric Bailly-Willy Boli. Ce tandem, qui transpire une rassurante sérénité, est bonifié par l’apport offensif du valeureux capitaine Serge Aurier, plus que jamais décisif face au Niger : buteur et passeur sur les trois buts ivoiriens. Dans le couloir gauche, Wilfried Kanon, le joueur d’Al-Gharafa SC (Qatar), fait également le job. Se muant, aussi, quand il le faut, en buteur. La profondeur du banc, avec Synaly Diomandé, Ouattara Zié, Déli Simon, Konan Ghislain, Bamba Abdoulaye…est, en outre, un gage de sécurité, même si, dans les buts, Gbohouo Sylvain n’a plus, véritablement le coffre de l’emploi. Longtemps considéré comme le talon d’Achille de l’équipe ivoirienne, le milieu de terrain a trouvé de l’envergure, à la lumière des derniers matches. Dans la droite ligne de ses prestations sous les couleurs du Milan AC, Franck Kessié s’est installé en patron dans ce secteur médian. Avec lui, Sangaré Ibrahim (du PSV Eindhoven) ou encore un Coulibaly Fousséni dont le baptême du feu, vendredi au Stade Seyni Kountché de Niamey, a fait des émules. Aussi bien à la récupération du ballon qu’à la construction du jeu, la Côte d’Ivoire a rayonné face à ses deux derniers adversaires. Visiblement, une équipe conquérante, une équipe de compétition est en train de prendre forme. Il reste à espérer que les armes offensives que sont Nicolas Pépé, Wilfried Zaha ou encore Max Alain-Gradel apportent, le moment venu, la bonne dose d’expérience et le coup de starter nécessaire pour l’atteinte de l’objectif final, c’est-à-dire une consécration au Cameroun en février prochain. Sans oublier la qualification pour le Mondial 2022 dont les éliminatoires débutent en juin.
Le coup de génie de Beaumelle
Le technicien français a franchi le premier obstacle de sa mission ivoirienne. Alors que son arrivée a été diversement commentée et ses états de services peu convaincants au début, Beaumelle a démontré, tout de suite, qu’il voulait rompre avec les habitudes. Il fait revenir Yao Kouassi Gervais sous le drapeau, sélectionne des joueurs hors d’Europe, instaure une saine concurrence dans le vestiaire orange. Dès lors, le groupe des Eléphants, comme le qualifie Beaumelle lui-même « est un alliage de jeunesse et d'expérience » au sein duquel cohabitent des cadres comme Eric Bailly et des néophytes tel que Jean Kouassi Evrard. Ce dernier, pour sa grande première sous les couleurs nationales, mardi, a bluffé tout le public sportif. Capacité de percussion, puissance de dribble et, pour couronner le tout, un froid réalisme devant les buts. Danger permanent de la défense éthiopienne et buteur, l’attaquant de Wuhan Zall Football Club (en Chine) a été, le plus logiquement, désigné homme du match. Autant dire, un coup de génie réalisé par le sélectionneur qui a toujours insisté pour avoir le joueur dans son chapeau, fût-il d’un championnat de seconde zone.
Patrice Beaumelle a réussi sa première mission de qualifier les Eléphants pour la CAN
Maintenir le cap !
La question que l’on peut se poser maintenant, c’est comment capitaliser ces acquis ? Pour parler comme Frank Simon, le célèbre consultant sur Canal+, c’est, effectivement, de faire en sorte que cette équipe continue d’aller vers du positif. Autrement dit, ne plus perdre, encaisser moins de buts, à en marquer plus, être plus dominatrice et avoir moins de trous d’air dans les matchs. Du coup, cette qualification acquise avant terme à Niamey et étrennée avec brio, mardi à Abidjan, ne saurait être un aboutissement, plutôt un levier de motivation pour des lendemains meilleurs. Ne pas dormir sur les lauriers, travailler à faire de cette équipe une machine à gagner, voilà ce que devrait être la vocation de Patrice Beaumelle. Cela est d’autant plus crucial que les éliminatoires de la Coupe du monde ne seront pas de tout repos pour la Côte d’Ivoire. Dans une poule D où se trouve le Cameroun (mais aussi le Malawi et le Mozambique), il faudra terminer en tête pour, ensuite, disputer un dernier tour couperet. C’est pourquoi, tout en savourant cette qualification, il importe de garder le cap en attendant juin prochain pour le coup d’envoi de cette autre compétition.